Ours Géant à Face Courte

Les ours à face courte de l’époque glaciaire sont les plus gros mammifères carnivores terrestres qui aient jamais vécu en Amérique du Nord. Ces ours pouvaient atteindre 1,5 mètre au garrot et jusqu’à 3,4 mètres en position debout, ce qui leur aurait donné une portée de plus de 4,3 mètres en hauteur. Ils auraient été environ 50 % plus gros que l’ours kodiak d’aujourd’hui!

L’évolution des ours à face courte est surprenante, pour leur taille et leur prédilection pour la viande. Leur cousin vivant le plus proche est l’ours à lunettes (Tremarctos ornatus), qui vit dans les régions boisées des montagnes de l’ouest et du nord de l’Amérique du Sud. L’ours à lunettes a une face courte et large, comme les ours à face courte de l’époque glaciaire, mais il est pratiquement herbivore, se nourrissant de préférence de feuilles, de fruits et d’autres végétaux.

Le plus grand hypercarnivore du Yukon?

Vue de face d’un squelette d’ours à face courte exposé au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon.
Vue de face d’un squelette d’ours à face courte exposé
au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon.

Les spécialistes ne s’entendent pas sur l’alimentation et le comportement des ours à face courte de l’époque glaciaire. Leur taille et leur poids, leurs larges molaires et leurs longues canines donnent à penser qu’ils auraient été de remarquables prédateurs. Par contre, les études menées sur les fossiles de squelette donnent une tout autre image de l’animal. En effet, le corps massif des ours à face courte est soutenu par des membres remarquablement longs et fins, bien plus adaptés aux longs déplacements qu’aux accélérations explosives et à la poursuite caractéristiques des techniques de chasse des autres grands prédateurs, comme le lions. Les pattes des ours à face courte n’auraient pas pu soutenir leur corps lors des accélérations rapides ou des changements soudains de direction que demandent la poursuite et la capture en pleine course d’un animal comme le bison ou le cheval

Le crâne des ours à face courte donne également des indices du comportement de ces mammifères : les fosses nasales, très grandes, donnent à penser qu’ils avaient un odorat très développé. Cette caractéristique, associée à la longueur de leurs membres, permet d’avancer que les ours à face courte étaient des charognards solitaires capables de couvrir un vaste territoire à la recherche de carcasses. Plutôt que de tuer leurs propres proies, ces ours auraient été capables de repérer des carcasses à l’odeur, d’en suivre la trace et de s’en emparer en chassant les lions ou les loups, qui s’en nourrissaient.

En outre, leurs grosses molaires et prémolaires étaient probablement très efficaces pour casser les longs os afin d’en récupérer la moelle, et leurs crocs acérés leur permettaient de décharner les carcasses. L’analyse chimique des os fossilisés d’ours à face courte découverts au Yukon et en Alaska permet de croire que l’alimentation de ces mammifères était presque entièrement carnivore.

Cependant, ce modèle d’ours à face courte hypercarnivore et charognard n’est pas universellement admis. Certains scientifiques ont récemment avancé que les membres des ours à face courte n’étaient pas particulièrement longs pour leur taille, ni leur face particulièrement courte. Ils pensent plutôt que ces ours étaient omnivores, comme les ours d’aujourd’hui. Seules de nouvelles données, tirées notamment de l’étude d’os d’ours à face courte découverts au Yukon, permettront de résoudre cette question. 

Pour en apprendre encore plus sur les ours à face courte, consultez le dossier de recherche sur la Béringie (en anglais).