Loup Gris

Aujourd’hui, le loup gris est probablement le carnivore le plus emblématique de la forêt boréale et de la toundra arctique. Cet animal social vit en meute et chasse la plupart des animaux nordiques, y compris le caribou et l’orignal. Les fossiles découverts au Yukon indiquent que l’espèce était abondante dans la steppe à mammouth. En effet, les fossiles de loups gris sont les fossiles de carnivores les plus courants en Béringie. Le loup est l’un des rares prédateurs de l’Amérique du Nord à avoir survécu au Pléistocène.

Crâne de loup gris
Crâne de loup gris

Aujourd’hui, l’aire de répartition du loup gris couvre l’Amérique du Nord, l’Asie, l’Europe et même l’Afrique. L’espèce serait apparue en Eurasie au début du Pléistocène et aurait emprunté le pont continental de Béring pour s’établir en Amérique du Nord.

Les loups d'hier et d'aujourd'hui au Yukon

Bien que les fossiles de loups gris de l’époque glaciaire soient très répandus en Béringie, ces loups ne sont pas des ancêtres directs des loups qui peuplent aujourd’hui le Yukon. Des études récentes de l’ADN et des caractéristiques morphologiques des espèces de l’époque glaciaire et des espèces nord-américaines d’aujourd’hui montrent que l’espèce a connu de profonds changements à la fin de l’époque glaciaire.

Les loups gris qui occupaient le Yukon à l’époque glaciaire seraient génétiquement plus proches des loups qui vivent aujourd’hui en Eurasie, ce qui témoigne de l’étroite relation existant entre les animaux qui peuplaient les deux côtés de la Béringie pendant l’époque glaciaire. Lorsque le pont continental de Béring s’est retrouvé envahi par les eaux à la fin de l’époque glaciaire, les populations qui occupaient le Yukon se sont retrouvées isolées de celles de l’Eurasie. Incapable de s’adapter aux changements rapides de l’environnement, le loup gris de l’époque glaciaire a disparu du Yukon et de l’Alaska voilà environ 12 000 ans. Peu après, les populations de loups gris qui avaient vécu au sud du glacier continental se sont déplacées vers le nord et ont recolonisé le Yukon et l’Alaska. C’est de cette population que descend le loup gris qu’on trouve aujourd’hui au Yukon.

Le saviez-vous?

Il ne faut pas confondre le loup gris de l’époque glaciaire au Yukon et le célèbre Canis dirus (littéralement « loup sinistre » en français, dire wolf en anglais). Canis dirus n’a vécu qu’au sud des inlandsis qui couvraient l’Amérique du Nord, et était environ 25 % plus gros que le loup gris d’aujourd’hui.

Les mesures faites sur les crânes de loups fossilisés ont révélé que les loups gris qui peuplaient le Yukon et l’Alaska à l’époque glaciaire étaient bien différents de ceux qui peuplaient le reste de l’Amérique du Nord. Les loups de la Béringie avaient des mâchoires plutôt courtes et larges, et des molaires/prémolaires plutôt larges pour leur taille. Ces caractéristiques crâniennes étaient des adaptations qui conféraient à l’animal une très grande puissance de morsure, ce qui donne à penser qu’il s’agit d’une adaptation à la chasse de grandes proies ou à la nécrophagie. De plus, sur les fossiles de crânes de la Béringie, on trouve davantage de dents cassées ou très usées que sur les autres, ce qui renforce l’hypothèse que ces loups consommaient des os, un peu comme les hyènes africaines d’aujourd’hui. Ces nouvelles preuves donnent une tout autre image du loup : un carnivore spécialisé se nourrissant de chair et d’os qui aurait disparu en même temps que les autres grands mammifères de la Béringie.

Pour en apprendre encore plus sur les loups qui peuplaient jadis le Nord, consultez le dossier de recherche sur la Béringie (en anglais).